jeudi 17 mai 2012

Analyse d’un roman centrée sur la notion de genre : E-den de Mikaël Ollivier et Raymond Clarinard


 Analyse du titre 

« E-den » est le nom de la nouvelle drogue du moment. C’est une drogue classique qui crée un phénomène de dépendance mais la seule différence est que l’overdose prend la forme d’un coma. Les corps des victimes sont bien là, mais l’esprit, lui, est aux abonnés absents ou plutôt, égarés dans un autre monde : l’E-den. Un monde meilleur, une sorte de communauté, un endroit paradisiaque où l’on peut se retrouver.

Le fait d’avoir un « e -», comme dans e-mail, e-business, ferait référence à « e-drug », une drogue électronique. En effet, ce serait une sorte de petits bijoux de technologie qui ne dépassent pas la taille de quelques centièmes de micron ; des nanobots. Une fois injectés dans le sang, ces-derniers remontent de façon autonome jusqu’au cerveau, chacun ayant un rôle différent à tenir. Ensuite, la protéine de synthèse neutralise la formation réticulaire et envoie ainsi l’utilisateur dans un sommeil artificiel. Le sujet ne dort pas, il est réellement ailleurs puisque ses organes sensoriels sont sollicités par les nanobots. Quand le sujet est plongé dans l’E-den, c’est comme s’il était dans un jeu virtuel sauf qu’il n’a ni lunettes panoramiques ni casque audio, il est totalement lui-même.

Enfin, le titre peut faire référence au jardin d'Éden qui est le nom du jardin merveilleux où la Genèse (chapitres 2 et 3) place l'histoire d'Adam et Ève. Il est souvent assimilé au Paradis comme le monde où se retrouvent les jeunes qui prennent la drogue nommée « E-den ». De plus, l’origine du terme « Eden » qui signifie « délice » en hébreu, dérive du terme sumérien « e-din » qui signifie « plaine » en akkadien. Ce qui pourrait faire référence à l’endroit où se retrouvent les personnes qui prennent cette nouvelle drogue.

Analyse de la première de couverture


La première de couverture nous offre la vision du monde dans lequel sont plongés les consommateurs de la drogue E-den. Nous pouvons apercevoir Mel et Goran, enlacés, dans ce monde idyllique, rempli de couleurs vives. Ils ont l’air bien, reposés, tout simplement heureux. Goran a enfin retrouvé Mélanie, cette fille qu’il avait vue dans le coma et dont il est tombé totalement amoureux. Il la retrouvée en plongeant lui aussi dans la drogue. Avec toutes ces couleurs gaies et ces genres de plantes et fleurs exotiques, cette couverture nous absorbe littéralement.

Une première de couverture qui fait d’ailleurs penser à de nombreuses représentations d’Adam et Eve dans le jardin d’Eden.



    Analyse de la quatrième de couverture


La quatrième de couverture nous apporte un bref résumé de l’histoire de Goran sur un fond jaune vif relatif à la première de couverture. Ce résumé nous fournit déjà le genre de ce roman, « un futur proche », c-a-d que nous sommes face à un roman de science-fiction. 


       Analyse d’un extrait (p. 22 « Serge -07/04 »)

« … En attendant, me voilà seul dans mon bureau. Norah est rentrée chez elle après avoir épluché tous les dossiers qu’elle pouvait trouver. Une seule certitude : ce qui a plongé Mélanie dans le coma, ce n’est ni du PulpX ni des Thrills. En général, avec ces pourritures, le voyage est radical. Pas de coma, juste le noir définitif. Donc, c’est autre chose, comme je le pensais. Cette autre chose dont on commence à entendre parler depuis quelques semaines et qui risque fort de devenir l’une des priorités de la police maintenant que la fille d’un grand ponte est concernée. »

"E-den" est un livre de science-fiction qui se déroule dans le futur, un futur proche. Une nouvelle drogue a été mise au point et une des victimes est la fille d'un politicien. Le futur est tellement bien raconté qu’on a l’impression d’être dans le présent surtout avec toutes les nouvelles drogues qui ne cessent de naître chaque jour.

La science-fiction se décompose en quatre éléments que nous pouvons également retrouvés dans ce roman :

- Un univers référentiel ordinaire : Goran est un adolescent comme les autres, vit avec son père, va au lycée, etc.
- Un élément stupéfiant : la nouvelle drogue nommée « E-den » et ses dégâts.
- Pour approfondir et justifier la surprise initiale, l’auteur force la dose en accumulant les surprises et transgressions : lorsque Goran va reprendre plusieurs fois une dose d’E-den pour retrouver Mélanie.
- Le lecteur accepte un univers référentiel différent (L’E-den) et y trouve de nouveaux repères. Il reconnaît les lois d’un autre monde.

Ce roman est une mise en question de notre époque et du monde actuel. Un monde où beaucoup de jeunes sont plongés dans la drogue. C’est également un récit d’anticipation dans le sens où nous sommes dans un futur qui a pour but une fonction prévisionnelle voire un pouvoir divinatoire.
En effet, ce roman nous fait prendre conscience qu’avec tout ce qu’on invente comme drogue, il y aura certainement un jour, des drogues qui enverront des jeunes dans un coma profond!

Enfin, des termes bien précis nous fait prendre conscience que nous sommes dans de la science-fiction et donc un futur proche ; l’Orlyonok-3, par exemple, qui est nouveau moyen de transport.

   Conclusion

En conclusion, je ferai une petite comparaison entre le roman d’Ollivier Mikaël et l’article « Des romans pour la jeunesse ? » de Marie-Hélène Routisseau.
Comme nous dit Marie-Hélène Routisseau, la science-fiction explore des hypothèses irréelles mais malgré tout possible. En effet, la science-fiction joue autant avec un imaginaire sensible, source d’évasion (comme l’évasion dans le monde d’E-den) qu’avec un imaginaire conceptuel et spéculatif, qui élabore les hypothèses les plus invraisemblables (des hypothèses sur la drogue et ses éventuelles conceptions futures ainsi que les risques que courent les adolescents).
La science-fiction aborde des termes scientifiques précis et comme nous le dit Routisseau, l’auteur se doit d’expliciter ces termes que le jeune lecteur ne possède pas nécessairement. Les contenus scientifiques sont bien présents dans ce roman mais sont vulgarisés pour une bonne compréhension.
  
  Bibliographie

- Routisseau, Marie-Hélène, Des romans pour la jeunsesse ? Décryptage, MParis, Berlin, 2008, pp. 39-61
- OLLIVIER M. et CLARINARD R., E-den, Thierry Magnier, 2004.
- JAMINON C. , Cours de littérature générale, 1ère année (Haute école Charlemagne, Les Rivageois). 



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