Analyse du titre
« E-den »
est le nom de la nouvelle drogue du moment. C’est une drogue classique qui crée
un phénomène de dépendance mais la seule différence est que l’overdose prend la
forme d’un coma. Les corps des victimes sont bien là, mais l’esprit, lui, est
aux abonnés absents ou plutôt, égarés dans un autre monde :
l’E-den. Un monde meilleur, une sorte de communauté, un endroit
paradisiaque où l’on peut se retrouver.
Le fait
d’avoir un « e -», comme
dans e-mail, e-business, ferait référence à « e-drug », une drogue électronique. En effet, ce serait une
sorte de petits bijoux de technologie qui ne dépassent pas la taille de
quelques centièmes de micron ; des nanobots. Une fois injectés dans le
sang, ces-derniers remontent de façon autonome jusqu’au cerveau, chacun ayant
un rôle différent à tenir. Ensuite, la protéine de synthèse neutralise la
formation réticulaire et envoie ainsi l’utilisateur dans un sommeil artificiel.
Le sujet ne dort pas, il est réellement ailleurs puisque ses organes sensoriels
sont sollicités par les nanobots. Quand le sujet est plongé dans l’E-den, c’est
comme s’il était dans un jeu virtuel sauf qu’il n’a ni lunettes panoramiques ni
casque audio, il est totalement lui-même.
Enfin, le
titre peut faire référence au jardin d'Éden qui est le nom du jardin
merveilleux où la Genèse (chapitres 2 et 3) place l'histoire d'Adam et Ève. Il est
souvent assimilé au Paradis comme le monde où se retrouvent les jeunes qui
prennent la drogue nommée « E-den ». De plus, l’origine du terme
« Eden » qui signifie « délice » en hébreu, dérive du terme
sumérien « e-din » qui signifie « plaine » en akkadien. Ce
qui pourrait faire référence à l’endroit où se retrouvent les personnes qui
prennent cette nouvelle drogue.
Analyse de la
première de couverture
La première
de couverture nous offre la vision du monde dans lequel sont plongés les
consommateurs de la drogue E-den. Nous pouvons apercevoir Mel et Goran,
enlacés, dans ce monde idyllique, rempli de couleurs vives. Ils ont l’air bien,
reposés, tout simplement heureux. Goran a enfin retrouvé Mélanie, cette fille
qu’il avait vue dans le coma et dont il est tombé totalement amoureux. Il la
retrouvée en plongeant lui aussi dans la drogue. Avec toutes ces couleurs gaies
et ces genres de plantes et fleurs exotiques, cette couverture nous absorbe
littéralement.
Une première de couverture qui fait d’ailleurs penser à de
nombreuses représentations d’Adam et Eve dans le jardin d’Eden.
Analyse de la
quatrième de couverture
La
quatrième de couverture nous apporte un bref résumé de l’histoire de Goran sur
un fond jaune vif relatif à la première de couverture. Ce résumé nous fournit
déjà le genre de ce roman, « un futur proche », c-a-d que nous sommes
face à un roman de science-fiction.
Analyse d’un
extrait (p. 22 « Serge -07/04 »)
« … En attendant, me voilà seul dans mon
bureau. Norah est rentrée chez elle après avoir épluché tous les dossiers
qu’elle pouvait trouver. Une seule certitude : ce qui a plongé Mélanie
dans le coma, ce n’est ni du PulpX ni des Thrills. En général, avec ces
pourritures, le voyage est radical. Pas de coma, juste le noir définitif. Donc,
c’est autre chose, comme je le pensais. Cette autre chose dont on commence à
entendre parler depuis quelques semaines et qui risque fort de devenir l’une
des priorités de la police maintenant que la fille d’un grand ponte est
concernée. »
"E-den"
est un livre de science-fiction qui se déroule dans le futur, un futur proche.
Une nouvelle drogue a été mise au point et une des victimes est la fille d'un
politicien. Le futur est tellement bien raconté qu’on a l’impression d’être
dans le présent surtout avec toutes les nouvelles drogues qui ne cessent de
naître chaque jour.
La
science-fiction se décompose en quatre éléments que nous pouvons également
retrouvés dans ce roman :
- Un univers
référentiel ordinaire : Goran est un adolescent comme les autres, vit avec
son père, va au lycée, etc.
- Un élément
stupéfiant : la nouvelle drogue nommée « E-den » et ses dégâts.
- Pour
approfondir et justifier la surprise initiale, l’auteur force la dose en
accumulant les surprises et transgressions : lorsque Goran va reprendre
plusieurs fois une dose d’E-den pour retrouver Mélanie.
- Le lecteur
accepte un univers référentiel différent (L’E-den) et y trouve de nouveaux
repères. Il reconnaît les lois d’un autre monde.
Ce roman est
une mise en question de notre époque et du monde actuel. Un monde où beaucoup
de jeunes sont plongés dans la drogue. C’est également un récit d’anticipation
dans le sens où nous sommes dans un futur qui a pour but une fonction
prévisionnelle voire un pouvoir divinatoire.
En effet, ce
roman nous fait prendre conscience qu’avec tout ce qu’on invente comme drogue,
il y aura certainement un jour, des drogues qui enverront des jeunes dans un
coma profond!
Enfin, des
termes bien précis nous fait prendre conscience que nous sommes dans de la
science-fiction et donc un futur proche ; l’Orlyonok-3, par exemple, qui est nouveau moyen de transport.
Conclusion
En conclusion, je ferai une petite comparaison entre le roman
d’Ollivier Mikaël et l’article « Des romans pour la jeunesse ? »
de Marie-Hélène Routisseau.
Comme nous dit Marie-Hélène Routisseau, la science-fiction explore
des hypothèses irréelles mais malgré tout possible. En effet, la
science-fiction joue autant avec un imaginaire sensible, source d’évasion
(comme l’évasion dans le monde d’E-den) qu’avec un imaginaire conceptuel et
spéculatif, qui élabore les hypothèses les plus invraisemblables (des hypothèses
sur la drogue et ses éventuelles conceptions futures ainsi que les risques que
courent les adolescents).
La science-fiction aborde des termes scientifiques précis et
comme nous le dit Routisseau, l’auteur se doit d’expliciter ces termes que le
jeune lecteur ne possède pas nécessairement. Les contenus scientifiques sont
bien présents dans ce roman mais sont vulgarisés pour une bonne compréhension.
Bibliographie
- Routisseau, Marie-Hélène, Des romans pour la jeunsesse ?
Décryptage, MParis, Berlin, 2008, pp. 39-61
- OLLIVIER M. et CLARINARD R., E-den, Thierry Magnier, 2004.
- JAMINON C. , Cours de littérature générale,
1ère année (Haute école Charlemagne, Les Rivageois).
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